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Vous avez tous vu, ad nauseam, des extraits de l'interview de Claude Vorilhon du 13 mars 1974 sur le plateau du Grand Échiquier.
J'ai eu accès à l'intégralité de cette archive-témoin de cette relation chat & souris entre les médias et le pseudo-prophète.
Cette séquence se divise en deux parties :
Une interview enregistrée et montée (la plus citée donc la plus connue)
Un échange en direct sur le plateau entre Vorilhon et les invités de l'émission de Jacques Chancel. Présents sur le plateau : Guy Béart, Jean-Christophe Averty, Jacques Sadoul, Silvia Monfort.
1 - L 'interview montée :
Intervenants : J. Chancel, C. Vorilhon et un dessinateur.
Claude Vorilhon raconte qu'il a rencontré un visiteur extraterrestre dans le Puy de la Vache en décembre 1973.
Il précise qu'ils se sont vus 6 matins de suite à raison d'1h d'échange.
Immédiatement Claude Vorilhon déclare entre autres :
Ils sont ceux qui nous ont créés (sans ciller)
Grâce à une petite opération chirurgicale, ils peuvent vivre jusqu'à 1200 ans.
Plus loin, il précise que seuls ceux qui ont excellé dans divers domaines (arts, sciences, etc.) peuvent postuler à cet avantage.
Comment ? par le prélèvement de quelques cellules… autrement dit, Vorilhon vendait déjà son clonage sans le nommer.
La suite de son intervention est typiquement néo-évhémériste (théorie des anciens astronautes ou grands anciens).
Il décrit par ses déclarations une société très élitiste aux mœurs proches de la Rome antique. En tout cas, une représentation populaire tout droit issue d’un péplum SF.
Il mentionne des courses automobiles (doit-on encore rappeler que le Claude Vorilhon de 1974 est à la tête du journal « Autopop » en pleine faillite). Des sports très violents qui engendrent beaucoup de morts et dont les participants s’engagent à ne pas être “guéris”.
Des gladiateurs aliens en quelque sorte. Quel est l’avantage ? Il n’y a plus de guerre.
Jacques Chancel poursuit : Un jour, vous partirez pour ce « continent ».
C.Vorilhon : Oh non, je ne crois pas.
Plan d’écoute sur Guy Béart , sceptique , sourire aux lèvres et pipe au bec.
J.Chancel : Vous êtes vraiment le prophète.
C.Vorilhon : Prophète, je ne sais pas. C’est une terminologie. Je suis un messager (...) je suis un perroquet.
Vorilhon termine par cette fameuse phrase : Si on ne me croit pas, ça veut que j’ai une imagination tellement débordante que je mérite le respect.
2 – Retour au direct :
En présence de :
Jacques Sadoul, écrivain et directeur de collection des éditions J’ai Lu passionné par la SF, témoin d’une observation OVNI.
Jean-Christophe Averty, réalisateur TV et témoin d’une observation OVNI.
Guy Béart, chanteur.
Silvia Monfort, comédienne.
Guy Béart est sceptique , il ne croit pas à l’histoire de Vorilhon. Pour lui, ça ressemble trop aux livres de SF qu’il connaît bien. Dommage qu’il ne les cite pas.
Jacques Sadoul est lui aussi sceptique. Il doute du témoignage et de la valeur de ce qu’est un témoignage sans preuve. Il partage également ses doutes sur l’anthropomorphisme de l’E.T. Avis partagé par Guy Béart.
Pour le pseudo contacté, c’est logique puisqu’ils nous ont créés. C’est bien pratique, n’est-ce pas…
Jean-Christophe Averty est mi-figue mi-raisin. Il voudrait bien y croire mais si c’est bidon, aucune conséquence pour lui. En revanche, pour Vorilhon, il passera pour un fieffé menteur, dommage pour lui.
Vorilhon tranche la situation : « on me croit ou on ne me croit pas ». Point.
Un grand classique, il oblige à faire un choix : avec lui ou contre lui. Autrement dit, qui m’aime me suive.
Pourtant, il faudrait être aveugle et sourd pour ne pas comprendre que Vorilhon tend des perches. Il teste ses interlocuteurs, le public présent et les téléspectateurs.
Par exemple, en déclarant : « Si c’est faux, j’ai une imagination débordante pour imaginer tout ça. »
L’entretien en direct se conclut ainsi :
J. Chancel : Peut-être que dans l’avenir, vous aurez eu raison. On ne sait pas.
Jacques Sadoul intervient rapidement, trop peut-être. Il soulève un point de similarité dans les récits de contactés. Depuis 1960, les gens décrivent les occupants d’OVNI comme des humanoïdes. Malheureusement, il n’a pas le temps de développer. C’est dommage.
Avait-il à l’esprit l’escroquerie d’un autre pseudo contacté: Georges Adamski et les Vénusiens aryens ?
Possible mais ce n’est qu’une spéculation. La suite de l’archive ne le dit pas.
Pendant ce temps, personne n’a reconnu l’ex petit « chanteur-ersatz » à la Jacques Brel qui se faisait surnommé Claude Celler sept ou huit plus tôt.
La télévision crée de l’oubli disait Jean-Luc Godard.
Vorilhon a bluffé, c’était un énorme coup de poker qui fonctionna pleinement.
Parce que tout avait foiré: la chanson, le journalisme de sport automobile avec Autopop.
Imaginez si cette intervention chez Jacques Chancel avait foiré.
Tout fut dit ce soir de mars 1974. Personne ne semblait le croire et pourtant des centaines de lettres inondèrent les bureaux de Jacques Chancel les jours suivants.
Et le tango entre Raël et les médias pouvait commencer avec ses conséquences toxiques.
ACult
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