"A la rentrée de septembre 1988, nous emménagions dans un château du Vexin à Avernes dans le 95. En effet le succès grandissant de l’école nous avait fait passer de 200 à 430 élèves en un an de temps.
Chemli pour pouvoir accéder au crédit demanda le paiement d’une année de scolarité en avance aux parents et demanda à mes parents de s’engager avec lui et quelques profs comme caution solidaire à hauteur d’1 million de francs auprès de NatioCréditMur.
Mon père qui estimait Chemli et voyant le succès de l’école accepta. Par la suite, alors qu’il était directeur logistique au siège d’un grand groupe international, il quitta son travail et devint directeur administratif de l’IPES à la place de Chemli, qui voulait être moins exposé.
En effet Chemli avait rencontré deux obstacles d’une part dans la personne du préfet et de l’autre dans la personne d’une jeune élève avec laquelle il avait eu une aventure et qui avait témoigné contre lui auprès de la brigade des mineures.
Les enquêteurs avaient interrogé plusieurs jeunes élèves proche de Chemli mais sans succès. Chemli ayant pris ses précautions et entretenant des rapports privilégiés avec les parents des jeunes filles les avaient préparées à l’interrogatoire.
Chemli était donc le roi en son domaine et tout devait être comme il avait décidé que cela soit.
Il monta rapidement une structure de théâtre qui devint un point fort de la pédagogie de l’école. Au départ il adapta des œuvres déjà existantes puis en vint à faire des créations inédites proche de l’actualité.
Les décors, au départ, très scolaires devinrent rapidement des décors exceptionnels, nécessitant un investissement démesuré (environ 100 000 francs par décor) qui nous prenait un temps fou à construire mais qui étaient au final à couper le souffle.
Chemli constitua avec les élèves et certains profs une troupe d’acteurs très talentueux et produisit une pièce inédite par mois. Il rencontra un succès fou auprès de la presse locale, régionale et même nationale ( le Parisien, La Gazette du Vexin et Paris-Match).
Il aurait suffit de participer à un spectacle pour se rendre compte de la démesure installée autour de Chemli, qui fort de son succès n’avait plus de limite quant à ses exigences.
Je me souviens des nuits sans dormir pour réaliser les décors, des remontrances terribles, des colères et des humiliations qu’il fallait supporter.
Chaque personne proche de Chemli a du payer de son corps et de son esprit sa place auprès de lui. Bien sur il y avait des moments de bonheurs, lorsqu’il nous reconnaissait dans notre travail, dans nos prises de paroles, dans nos décisions.
Nous n’existions les uns par rapport aux autres qu’à travers lui.
Pour comprendre ce phénomène, il faut conceptualiser un système fabriqué de toute pièce, avec ses fondements, ses lois, sa hiérarchie…Nous n’étions plus des individus nous étions des membres du système."
Suite la semaine prochaine.
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